Le roi Grenouille et autres contes by Grimm Jakob & Grimm Wilhem

Le roi Grenouille et autres contes by Grimm Jakob & Grimm Wilhem

Auteur:Grimm, Jakob & Grimm, Wilhem [Grimm, Jakob & Grimm, Wilhem]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, Contes, Littérature Allemande
Éditeur: Pastichat - Giga
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Le lendemain matin, la méchante femme fut sur pied dès la première heure. Les enfants dormaient encore paisiblement. Avec leurs bonnes joues roses, ils avaient quelque chose d’attendrissant. Se penchant sur eux, elle murmura :

— Hum ! Je crois que je vais me régaler.

Et, de sa main rêche et décharnée, elle empoigna prestement Hänsel et l’emporta dans une petite étable, que fermait une porte à barreaux de fer. Le malheureux eut beau hurler, ce fut peine perdue. La sorcière était déjà rentrée chez elle pour secouer Gretel et la faire sortir du lit. D’un ton sec, elle lui dit :

— Lève-toi, paresseuse, et va chercher de l’eau au puits. Après quoi, tu vas préparer quelque chose de bon à ton frère que tu lui emporteras à l’étable, où je l’ai enfermé. Je veux qu’il engraisse. Quand il aura pris assez de poids, je le mangerai.

À ces mots, Gretel fondit en larmes. Mais à quoi bon pleurer ? Bon gré mal gré, il lui fallut obéir à l’abominable sorcière.

Les jours passèrent. Hänsel avait droit aux mets les plus délicats, tandis que Gretel devait se contenter de carcasses de crabe. La vieille n’avait de cesse de savoir si le jeune garçon engraissait et, chaque matin, devant la porte à barreaux de l’étable, elle lui disait :

— Hänsel, tends tes doigts, que je sache si tu es enfin bon à manger.

Mais ce qu’il lui tendait n’était qu’un os de poulet. En raison de sa mauvaise vue, la vieille était persuadée qu’il s’agissait de ses doigts et ne comprenait pas qu’ils restent aussi maigres qu’avant. Au bout de quatre semaines, n’ayant toujours pas remarqué le moindre changement, elle perdit patience et appela la fillette :

— Holà, Gretel ! Dépêche-toi d’aller chercher de l’eau. Gras ou maigre, ton frère passe demain à la casserole.

Pauvre sœurette, que de cris de désespoir elle poussa ! Que de larmes elle versa, en allant puiser l’eau !

— Dieu qui est bon, gémissait-elle, qu’attends-tu pour nous aider ? Ah, si seulement les bêtes sauvages nous avaient dévorés dans la forêt ! Au moins serions-nous morts ensemble.

— Épargne-moi ces braillements qui m’écorchent les oreilles, dit la vieille. Ils ne changeront rien à la chose.

Le lendemain matin, Gretel dut aller dans la cour allumer un feu, puis suspendre au-dessus un grand chaudron.

— On va commencer par cuire le pain, dit la sorcière. J’ai déjà fait chauffer le four et pétri la pâte.

Traînant la malheureuse jusqu’au four d’où jaillissaient déjà des flammes, elle lui demanda :

— Glisse-toi dedans et vois s’il est assez chaud pour y enfourner le pain.

La vieille voulait profiter de l’instant où Gretel aurait été à l’intérieur pour refermer la porte du four, rôtir la fillette et en faire son repas. Mais celle-ci, devinant ses intentions, lui répondit :

— Heu ! C’est que je ne sais pas comment m’y prendre.

— Grande bécasse ! s’emporta la vieille. L’ouverture est pourtant suffisamment grande. Regarde ! Moi-même, je pourrais passer.

Joignant le geste à la parole, elle se hissa jusqu’à la porte du four et engagea la tête.



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